TVlocales

Des mots sur les maux de Bip TV

La télévision locale d'Issoudun est menacée dans son développement par la suppression de financements publics. La pétition de soutien lancée en ligne est accompagnée de commentaires. Autant de témoignages qui résument le rôle d'une TV locale sur son territoire.

Retrait du financement de la Communauté d’Agglomération Castelroussine, baisse de la subvention du Conseil général de l’Indre... BIP TV créée en 2007 connaît une passe difficile malgré son accession à une diffusion plus large en 2010 sur l'ensemble du départment de l'Indre.

Depuis, les signatures (1300 au 29/01/13) et les marques de soutien se multiplient. Au delà des signatures récoltées en ligne, la pétition lancée en faveur de BIP TV permet de ressentir l'intérêt que revêt un média de proximité pour ses habitants.

Les commentaires déposés reprennent les mots clés de la télévision locale : "pluralisme", "information de proximité", "communication visuelle", "promotion de la culture", "créativité", "droit à s'exprimer", "diversité culturelle", "richesses locales"...

BIP TV interviewe depuis ses difficultés les acteurs du territoire pour leur demander ce que représente la chaîne à leurs yeux. Ces acteurs parlent de la "valorisation" de leurs actions de manière "dynamique" grâce aux images, du traitement des "petites actions" qui font la vie en région. 

Extraits :

Témoignages de soutien à Bip TV n°5 - 24/01/2013 par biptv

Le budget de BIP Tv avoisine les 1,2 million d'euros. La perte s'élèves à 335.000 € (Le Conseil général a baissé sa subvention de 135000 € et la Communauté d'agglomération castelroussine (Cac) a mis un terme à son financement de 200.000 €)

L'économie des chaînes locales à l'étude

TLSP et Didier Bailleux Consultant ont étudié l'économie de 20 chaînes locales existantes et de 14 chaînes locales en création. Un travail disponible en ligne et qui permet de tirer quelques enseignements.

 Toutes les chaînes locales hertziennes ne sont pas dans la même situation économique. Si certaines connaissent des difficultés d’autres sont à l’équilibre d’exploitation et non pas ou peu de dettes.

 Le marché publicitaire qu’il soit local, régional ou national n’offre pas suffisamment de potentiel pour financer à 100 % les chaînes locales. Aujourd’hui en moyenne pour les chaînes étudiées en exercice, moins de la moitié de leurs besoins en financement sont couverts par des revenus publicitaires.

 La télévision locale a besoin, comme la presse quotidienne régionale de deux couloirs de revenus pour être économiquement viable.

 Avec les chaînes de la TNT un nouveau modèle économique émerge avec des charges d’exploitation réduites et des financements publics accrus.

 La syndication nationale n’est pas la solution miracle pour assurer la viabilité économique des chaînes locales, au contraire elle présente des risques importants.

 Les conditions d’exercice de la télévision locale doivent être améliorées pour assurer son développement :
- Poursuivre l’accroissement du nombre de chaînes locales pour créer des effets de seuil
- Assouplir les obligations de production
- Faciliter l’accès des chaînes à tous les réseaux électroniques de diffusion des images
- Autoriser de manière exclusive la publicité promotionnelle des distributeurs


L'étude est en libre accès sur http://www.tlsp.fr

« L'avenir est beaucoup dans le soutien des collectivités locales »

C'est l'analyse de Pierre Musso, professeur de sciences de l'information et de la communication à Rennes 2, qui intervient ce mercredi à l'occasion d'une journée de réflexion autour de l'audiovisuel local au Conseil régional de Bretagne.

Dans un entretien accordé à rennes-infhonet, ce professeur de sciences de l'information revient notamment sur le retard pris par la France notamment par rapport à ses voisins européens et en particulier l'Italie qui dénombre 600 télévisions locales. "En France, l'info de proximité est délivrée surtout par la presse quotidienne régionale (PQR), particulièrement dans le grand ouest", remarque l'enseignant.

A la question, la télévision locale est-elle un média d'avenir, Pierre Musso se montre prudent du fait des difficultés de financement rencontrés par ces chaînes : "Il y a deux ou trois ans, j'aurais répondu oui du fait de l'ouverture des marchés publicitaires à la grande distribution. Mais le marché actuel est plutôt stagnant. L'avenir est beaucoup dans le soutien des collectivités locales. Lorsqu'elles veulent s'investir, il y a des possibilités. Il peut donc s'agir soit d'un modèle d'intégration dans des groupes, afin de fédérer et trouver des financements grâce à des régies publicitaires puissantes, c'est la stratégie de Ouest-France, soit d'une formule où les collectivités ont un rôle à jouer. On peut aussi cumuler les deux, c'est le cas de TV Toulouse, par exemple".

A lire en intégralité sur Rennes Infhonet

Dailymotion nouvelle fenêtre pour les télévisions locales

Petite révolution ! Le site français de partage de vidéos sur internet fait une percée dans nos lucarnes. Mercredi 20 février Dailymotion TV est née sur Neuf TV et la même formule devrait voir le jour sur Free. C'est une première ébauche de télé à la demande et une nouvelle visibilité pour les locales qui ont fait le choix de diffuser leurs images sur Dailymotion.

De nombreuses télévisions locales montent déjà leur JT et émissions sur les sites de partage de vidéos. Certaines y sont réticentes pour des questions de droits estimant qu'elles perdent le contrôle de leurs images. D'autres sont attirées par cette visibilité qui contribue à accroître leur notoriété notamment grâce au buz induit. En effet, une fois la vidéo sur Dailymotion tout internaute peut reprendre les images sur son blog. Un phénomène qui on le voit s'accélère avec la campagne des municipales et cantonales. A droite comme à gauche, les candidats reprennent leur passage sur les antennes des locales pour les mettre sur leur site, parfois ils enregistrent eux-mêmes les sujets et les envoient sur Dailymotion.

L'intérêt pour les locales c'est que les projets de développement de Dailymotion sur les bouquets ADSL ne concernent que les contenus signés par les éditeurs. Sur la chaîne Dailymotion TV de Neuf TV, sont mis à disposition des vidéos faites par les membres dits « MotionMakers ». Ces derniers autorisent le site de partage de vidéos, par contrat, à publier leurs productions. Ils sont aujourd'hui au nombre 4 000, dont 3 000 francophones. Intérêt pour les télévisions locales, le  MotionMaker ne dispose pas de limite à l’upload (en temps et en poids) ce qui autorise une meilleure qualité d'image. Surtout, les vidéos sont visibles sur plusieurs pages du site Dailymotion et sur la page d’accueil.

Pour le lancement du service, Neuf Cegetel indique que 30 000 vidéos sont proposées, spécialement encodées pour son service de TV. Sur le téléviseur, on a le choix entre trois modes d'affichage : plein écran complet, intermédiaire et player, ce qui permet de voir les informations sur la vidéo en cours. Selon le FAI, le service peut être utilisé comme Dailymotion sur Internet ou comme une chaîne de télévision classique et linéaire, les vidéos au sein de l'une des « chaînes Dailymotion » (news, cinéma, amusant, musique, auto...) s'enchaînant automatiquement.

L'abonné peut trier le contenu par chaîne, par membre, par groupe (rap, vidéo, tuning...) et même faire des recherches dans ces catégories via la télécommande. On peut donc trouver facilement sa télévision locale et regarder au choix un programme.

La télé à la demande est née et elle particulièrement adaptée au mode de consommation des locales où le téléspectateur vient chercher le plus souvent dans la grille son JT. Les chaînes l'ont bien compris en l'offrant systématiquement sur leur site web .

Cette visibilité offerte par Dailymotion devrait être décuplée. Selon CNET France, Dailymotion TV sera bientôt également disponible pour les abonnés de Free disposant du bouquet de chaînes TV Freebox TV.

Le canal choisi sur Freebox TV sera le même que celui sur Neuf TV HD soit le canal 100 du décodeur.

+ d'info sur NeufTV

"Il n’y a pas de volonté politique"

Entretien de TVlocales avec Dominique Fleurat, conseillère régionale PS de la région Centre. Elle est l'auteur d'un rapport sur la télévision participative. Elle s'inquiète des conséquences de la concentration qui se dessine actuellement et  encourage les collectivités locales à s'investir dans les projets de télévision locale.

TV locales : - Que vous inspire l’évolution actuelle du paysage audiovisuel local (PAL) qui voit avec le déploiement de la TNT l’arrivée de grands groupes (NRJ, Hersant Média, TF1…) ?

Dominique Fleurat : - Je regarde avec une petite inquiétude la concentration qui s’opère. On assiste à une standardisation des programmes pour attirer les annonceurs nationaux sur les locales par le biais de la syndication publicitaire. J’ai peur que l’on perde la diversité qui faisait l’identité des télévisions locales et qui représente une chance pour nos régions. On risque d’aller de plus en plus vers des programmes pré mâchés le plus souvent déjà diffusés sur les chaînes nationales. Alors c’est vrai il restera l’info locale, mais cela représente peu de temps d’antenne.

TV locales : - Vous regrettez que les collectivités locales ne se soient pas davantage impliquées dans les derniers appels à candidature en TNT ?

Dominique Fleurat : - Il n’y a pas de volonté politique. D’abord parce qu’il y a une crainte que le pouvoir politique mette son nez dans les médias. Je pense aussi que les élus ont une culture de l’écrit et pas suffisamment de l’image.  Ils ne perçoivent pas les enjeux. Résultat, à ne pas se décider, ce sont les grands groupes qui investissent le secteur. En Ile-de-France, par exemple, c’est un échec  complet. Il n’y a eu aucun positionnement de la région Ile-de-France par rapport aux télévisions associatives.

TV locales – Vous estimez que les collectivités locales doivent s’investir davantage. Pour quelles raisons ?

Dominique Fleurat : - L’image fait partie de notre vie. La télévision locale est aussi un outil de démocratie fondamentale, un outil de valorisation de la création et du tissu social dans nos régions. Pour les collectivités qui défendent la cohésion sociale, il y a un intérêt à financer les télévisions locales car elles permettent de valoriser tous ces projets.

TVlocales : - Une chaîne locale à l’échelle d’un département ou d’une région nécessite de gros investissements, d’où la présence de grands groupes. On peut imaginer que les collectivités s’engagent sur des zones plus limitées comme certaines l’ont fait à l’époque du câble. C’est envisageable à l’échelle d’une communauté de communes ?

Dominique Fleurat : - Comme l’objectif du CSA est d’obtenir une couverture la plus large possible, il commence par les appels à candidature sur gros émetteurs. Ensuite, on aura un positionnement sur des diffusions plus restreintes mais le risque d’ici là c’est de voir des télévisions disparaître, sans doute pas les chaînes de service public mais plus certainement les télévisions associatives plus fragiles.

Le rapport de Dominique Fleurat est disponible au format PDF ici sur le site de Centre Images.

Télévisions locales et élections

Sur Alterinfo.net Guy Pineau, chercheur à l'INA, signe un long papier sur l'influence naissante des chaînes locales à l'occasion des prochaines municipales et cantonales.

Avec l'arrivée, dans le secteur des télévisions locales, de grands groupes (Hersant média, Ouest France...) et la signature de partenariats récents dans la pub (notamment avec TF1), le chercheur pose la question des "concentrations capitalistiques qui favorisent de non moins inquiétantes dépendances politiques".

Guy Pineau s'attarde sur le groupe Hersant Média, s'inquiète pour l'avenir de France3 et estime que TF1 devrait devenir un acteur important du secteur : "Le groupe TF1 paraît le mieux à même de réaliser un réseau de télévisions de villes. La baisse de son audience et de sa rentabilité lui commande à la fois, un allégement de ses obligations (volume et commandes à des producteurs indépendants) et une diversification avec le développement d’activités satellites (internet, chaînes thématiques, chaînes de villes, etc.)."

A lire sur AlterInfo